Introduction:

Dans le cadre de ma mise à niveau pour mon service civique au sein de l’association l’Hirondelle Aux Champs, j’ai assisté à une formation proposée par l’Association Drômoise d’Agroforesterie. Cette formation présentée par M. Hervé COVES, ingénieur agronome spécialisé dans la permaculture, s’est déroulée sur trois jours dans trois fermes différentes.

Le groupe d’une quinzaine de personnes était composé de producteurs de noix et de petits fruits, de maraîchers, de paysagistes, ou encore de représentants de caves coopératives.

Nous avons donc assisté à des présentations durant la matinée puis effectué une étude de terrain l’après midi. 

 

Objectifs:

Nous nous sommes rendu le jeudi 05/12 chez M. Franz BRECKERFELD à Saint Bauzile en Ardèche (07). Franz possède 80 chèvres qu’il utilise pour faire du fromage et le vendre. Il possède des prairies céréalières pour nourrir ses bêtes et il cultive aussi de l’ail. Il fait appel à Hervé pour 3 difficultés qu’il rencontre:

  • A cause de ses chèvres, il se retrouve souvent envahis de mouches.
  • Il possède une parcelle enherbée pour l’instant qu’il va diviser en deux en plantant une haie, il souhaite savoir comment l’orienter aux mieux.
  • Sur cette même parcelle, les mauves se sont implantées, il souhaite savoir comment s’en débarrasser.

 

Vendredi 06/12, le groupe s’est retrouvé à la ferme de Baume Rousse, appartenant à André SIEFFERT et située à Cobonne dans la Drôme (26). Cette ferme est composée d’une parcelle de 600m² de lavande, 15 ha de forêts, un verger de 48 arbres, un jardin avec une mare ainsi que plusieurs pâtures pour ses chevaux et ses ânes. André fait appel à un expert car:

  • Il possède une parcelle en friche entre la lavande et la forêt et souhaite savoir ce qu’il peut en faire.
  • Sa compagne élève des chevaux et souhaite implanter un bâti pour pouvoir exercer cette activité, le couple se demande où il est préférable de le mettre en place.
  • Une partie de la parcelle de lavande ne permet plus de faire pousser ces plantes, André se demande ce qu’il peut faire.

 

Enfin, nous nous sommes rendu le 31/01/20 à Châteauneuf-sur-Isère chez Marianne PAREL, maraîchère sur petite surface. Elle vient de s’installer avec son compagnon Alain sur ces terres où étaient cultivées des abricotiers. Ils sont proches d’une belle forêt de chênes et châtaigniers. Ils souhaitent savoir comment cultiver leurs terres au mieux et savoir que faire des arbres abandonnés.

 

Présentation du Jeudi 05/12:

  • Point d’histoire: 

Durant l’essor de l’agriculture, de nombreuses façon d’augmenter le rendement des cultures étaient recherchées. Seulement, l’homologation des produits phytosanitaires était très chère, alors il eût fallu se concentrer sur quelques molécules uniquement. Cela a aussi poussé les gens à s’interroger sur la place de la biodiversité sur leurs parcelles. Des solutions biologiques, au sens primaire du terme, ont été développées mais leur commercialisation était aussi chère. Par exemple, les larves de Trichogrammes utilisées dans la lutte contre la pyrale dans les champs de maïs revenaient à 0.60€/m² à chaque traitement, soit 6000€/ha. Les agriculteurs ont donc cherché à attirer la biodiversité directement chez eux.

 

  • Les migrations:

Il existe des grands couloirs de migration sur notre planète, où de très nombreuses espèces animales transitent. Les animaux ne voyagent pas seuls, ils voyagent avec de nombreux micro-organismes et végétaux dans leur tube digestif, sur leurs poils et leurs plumes. Ces déplacements résultent donc en un apport de biodiversité sur tout le globe. Un grand couloir relie l’Europe à l’Ethiopie, considérée comme un très grand hotspot de biodiversité, et nous partageons donc de nombreuses espèces similaires notamment à différentes saisons. Par exemple, la pyrale du Buis se retrouve aussi en Ethiopie, mais elle est déjà intégrée dans le fonctionnement des écosystèmes et n’est pas un problème pour les cultures. C’est parce qu’il faut un temps d’adaptation pour rétablir l’équilibre d’un écosystème après introduction d’une espèce allochtone. Cette durée est estimée à 30 à 50 ans pour l’apparition de maladies sur des espèces végétales.

 

  • Permaculture:

Il y a deux ans, lors d’une convention sur la permaculture en Allemagne, un recensement a été effectué et a montré que l’Europe compte près de 40 000 personnes formées à la permaculture. Il est bon de noter que si 3000 personnes plantent 1 km de haie en France pour se connecter aux grandes routes de migration, la biodiversité de nos milieux augmenterait considérablement.

De nos jours, on commence à comprendre qu’il faut arrêter de lutter contre la nature, mais faire avec. Cela ne veut pas pour autant dire qu’il faut la “laisser faire”, car si on laisse la nature faire, elle va faire sans nous, et faire à manger pour autre chose que nous. Il faut bien retenir la phrase “se développe ce qu’on nourrit”, et on comprend que nous devons guider la nature pour qu’elle nous donne à manger.

 

  • Cultiver sur une parcelle déserte:

Pour commencer, il est important de comprendre le rôle de la nature dans la colonisation d’un territoire. A partir d’une terre sans vie, il se peut qu’un merle qui vole au dessus fasse tomber un vers de son bec; qu’un sanglier avec les pattes pleines de boue traverse le champs et dépose des invertébrés au passage; que des spores non digérés se retrouvent dans une fiente d’oiseau lâchée sur cette même parcelle. Ce sont ces premières interactions qui donnent le feu de départ de l’implantation de la vie dans un milieu. On voit ici donc que la nature appelle la nature, et l’importance qu’elle soit présente sur la plus grande surface possible.

De notre côté, nous devons commencer par trouver la zone de vie la plus proche et l’inspecter. Nous cherchons à établir un pont qui amènera la biodiversité sur notre parcelle via une haie. On veut mettre en place un lien extérieur ←→ contours de la parcelle puis un lien contours de la parcelle ←→ intérieur.

Par exemple, si on observe des chênes dans la forêt la plus proche, et que nous cultivons des pommes, il est intéressant de planter une haie contenant des chênes et des pommiers. En effet, un animal se déplaçant de chêne en chêne va découvrir des pucerons sur un pommier, puis va se déplacer vers les pommiers de la parcelle en quête de cette source de nourriture.

A partir de là, il faut diversifier les espèces d’arbres dans la haie, diversifier les strates implantées (herbacée, arbustive, arborescente, lianescente) pour toucher une plus grande diversité d’animaux.

 

  • Quelques chiffres:

– Tous les siècles, un arbre augmente de 30% la diversité en insectes qu’il héberge. C’est une des raisons pour lesquelles les vieux arbres sont très importants. De ce fait, des études montrent qu’il faut 1 arbres vieux de 300 ans par hectare dans un écosystème méditerranéen. Un arbre de 700 ans par hectare en région tropicale.

– A la fin du 19è siècle, il y avait 10x plus d’oiseaux en migration qu’aujourd’hui.

– Un passereau peut voler entre 40 et 80 m d’un seul coup entre deux arbres ou buissons, pour échapper à un prédateur par exemple. Il n’ira pas explorer au delà de cette distance, il faut donc au minimum un arbre tous les 40 m.

 

  • Quelques conseils:

– Si vous avez un problème de limaces, il est possible de les habituer à manger autre chose, en plantant des Crucifères, du brocoli et du colza. Les limaces préfèrent ces plantes là et se développeront ailleurs que vos cultures.

– Les plantes stockent de l’information concernant leur milieu dans leurs cellules. C’est pourquoi il est préférable d’utiliser ses propres graines, qui se développeront mieux en contact d’un sol qu’elles reconnaissent et auquel elles se sont adaptées. 

– Dans un but d’améliorer la qualité de votre sol, il est conseillé d’adopter la technique du 70-25-5. Cela signifie qu’il faut consacrer 70% de votre parcelle aux productions à valeur sûre, 25% pour préparer la prochaine phase du sol (si vous cultivez des fruits de printemps, planter des fruits d’été), et 5% pour tester des nouvelles plantations, et ainsi créer des mycorhizes plus “informés”.

 

Le cas de Franz:

Il a été mentionné par Hervé dans un premier temps que les molécules odorantes de la lavande font fuir les mouches. Il a donc conseillé de planter quelques pousses autour de sa maison. D’une pierre deux coups, la lavande est très appréciée par les abeilles, insectes clés pour la pollinisation de nombreuses plantes.

Pour le problème lié aux Malvacées dans son champs, Franz est conseillé de semer de l’avoine, plante qui va ralentir la croissance de cette plante envahissante.

Enfin, Hervé a proposé une implantation de la haie en biais dans son champs, car c’est ce qui conviendrait pour le mieux à l’hydrologie et les vents qui touchent ce milieu. Cependant, le manque de praticité que cela va engendrer lors du passage du tracteur, Franz s’est montré réticent sur cette solution et compte donc laisser la haie couper le champs en deux dans le sens de la largeur.

 

Présentation du Vendredi 06/12:

  • Les champignons:

Beaucoup de bactéries ne peuvent se déplacer seules, et celles qui le peuvent sont lentes et ont besoin d’un milieu aqueux. Les champignons ont compris l’utilité des bactéries notamment dans la dégradation de polluants. Le mycélium de certains champignons est hydrophile, et présente donc toujours de l’eau à sa surface. Dans cette zone, on retrouve de nombreuses bactéries attirées par des molécules à un bout, qui leur donne une grande vitesse de déplacement. Grâce à ce mécanisme, une bactérie peut se déplacer de 10 mètres en 20 minutes.

Il est intéressant de savoir que les champignons ont aussi inventé le canon à protons. Les tanins, molécules libérées par certains végétaux, se fixent sur les récepteurs de certaines protéines et leur fait changer de conformation: la protéine est inutilisable par d’autres organismes. Les champignons ont développé une technique permettant de détruire les tanins à coups de protons, qui vont libérer la protéine et que les champignons vont pouvoir digérer.

 

  • Le merle, le vers de terre et le sanglier:

Lors de la reproduction, les vers de terre laissent des turricules (tas de matière fécale) qui vont servir de nourriture pour leur descendance. A l’automne, le merle qui cherche des vers de terre retourne les feuilles qui sont au sol à plusieurs endroits. Par la suite, un sanglier qui passe dans les parages va chercher pour les zones sans feuilles indiquant la présence de vers de terre. Il va donc labourer le sol et manger les vers; cela crée donc une cuvette ainsi qu’un monticule. Ce monticule est donc composé de plusieurs strates, disposées de la façon suivante de bas en haut: terre – herbe – feuilles – feuilles – herbe – terre. C’est cette disposition qui a donnée l’idée des lasagnes utilisées en permaculture. Dans la cuvette après une pluie, on obtient un compost. Des études montrent que la quantité de vers de terre est supérieure après le passage de ces animaux qu’avant.

 

  • Mycorhizes:

De nos jours, à force d’utiliser des intrants sur les plantes, elles n’ont plus besoin d’effectuer de symbiose avec des champignons pour obtenir les nutriments dont elle a besoin. Cela entraîne donc une dé-mycorhization des racines et des plantes moins productives lorsqu’on les exempte d’intrants. Seulement, les champignons leurs permettent aussi de communiquer entre elles et ce manque de connexion créée de la concurrence. Par exemple, la présence d’un noyer à côté d’un plant de maïs va entraîner la mort de la céréale. Dans de nombreux laboratoires, on cherche à re-mycorhizer les plantes de cultures.

 

  • Quelques chiffres:

– Dans 1 cm de terre, on retrouve une longueur de mycélium comparable à la circonférence de la Terre.

– Lorsque l’on plante des forêts “primaires”, on dispose 2222 arbres par hectare. Cela équivaut à 0.22 arbres par m². La nature comblera le reste par la suite.

– D’ici 2040, nous n’auront plus de phosphore d’origine naturelle. L’agriculture industrielle demande beaucoup trop de phosphore, dont les mines s’épuisent rapidement.

– Un champignon grandit de 10 cm par jour.

– On peut recouvrir jusqu’à 15% de sa parcelle avec des arbres de hauts-jet sans que cela n’ait d’impact sur le rendement des productions agricoles.

 

  • Quelques conseils:

– Installer les refuges à carabes peut être une très bonne idée, même si vous n’avez pas de problèmes de limaces. Le jour où cela vous arrive, il ne vous reste qu’à relier le refuge à la parcelle qui pose problème grâce à des bouts de bois et une bande enherbée. 

Le but est d’habituer les animaux à visiter votre parcelle.

– Si vous êtes gênés pas des genêts scorpions, il vous faut planter des arbres. L’ombre que cela provoque va tuer ces plantes.

– Le lierre favorise la condensation de l’eau. Il aide donc à la création de microclimats ainsi qu’à humidifier les terres durant les périodes arides.

– La vigne est une plante dite “civilisatrice”, à notre latitude elle améliore la pousse du blé. A d’autres latitudes, elle fait pousser du houblon.

 

Le cas de André:

La parcelle en friche est au milieu de deux vallons à sec en cette saison. En ripisylve de ces vallons ont poussé des peupliers, arbres dont les racines touchent donc la couche d’eau en profondeur. Hervé conseille à André de faire venir le lierre sur les peupliers pour re-créer un microclimat favorable à la pousse d’autres plantes. Par la suite il conseille de trogner les peupliers à ⅓ de leur hauteur pour en récupérer du bois de chauffe, ainsi que planter des arbres fruitiers dans les clairières présentes.

Cette zone en friche est aussi trop pentue pour installer le bâtiment à chevaux, il faudra chercher ailleurs, de préférence en contact avec la forêt.

Enfin, 2 options s’offrent pour la zone où la lavande ne pousse plus. André peut ne rien faire et observer quelles plantes poussent, pour connaître la strate du sol et adapter ses cultures à ce que le milieu demande. Il peut aussi utiliser cette zone comme un réservoir à biodiversité, en dirigeant l’eau d’une source à cet endroit qui permettra d’irriguer les terres ainsi que de disposer d’un abreuvoir pour tout animal sur la parcelle. Planter des chênes tout autour pour coïncider avec la forêt proche peut aussi attirer de la biodiversité.

 

Présentation du 31/01/20:

  • Les stages d’une lisière:

À notre latitude, un peut déterminer l’étage d’une lisière en fonction des espèces qu’on y trouve, et cela nous permet de savoir ce qui poussera à cet endroit dans quelques années. Dans un environnement donné, prenons une lisière entre une prairie et une forêt de hêtres. La succession d’arbres est développée dans la figure suivante:



Bien entendu, plusieurs espèces apparaissent au même stage, et ces espèces sont différentes en fonction des animaux et de l’écosystème intégral. 

La communication entre les différentes strates s’effectue grâce aux champignons. Certains de ces champignons peuvent communiquer avec la strate précédente et suivante seulement, c’est pourquoi il est important lorsqu’on veut créer une lisière de bien inclure tous les étages. Quelques plantes peuvent communiquer avec tous les étages à la fois, ce sont à nouveau ces plantes civilisatrices: la vigne et le houblon. Le lierre aussi a cette capacité mais il dépend plus des espèces du milieu.

Certains champignons ont un rôle différent, comme la truffe, qui s’occupe de “nettoyer” le sol à un endroit en tuant toutes les plantes qui s’y trouvent, afin de relancer une forêt depuis le premier étage.

 

  • Lutte contre les ravageurs

Sur une de ses parcelles expérimentales, Hervé avait un problème de thrips sur des framboisiers sous serre. Plusieurs serres présentaient des thrips, sans être problématiques car les prédateurs étaient présents, mais une des serres était envahie et dévastée par ces insectes. Il a eu l’idée de prendre des feuilles de fraises des bois sur des plants à l’extérieur de la serre et d’en faire une tisane, c’est à dire de les mettre dans de l’eau chaude. Après avoir aspergé les framboisiers de tisane, les prédateurs des thrips étaient présents dès le lendemain. Son hypothèse repose sur le fait que l’odeur forte et agréable de la tisane a permis d’attirer dans la serre les auxiliaires nécessaires à cette lutte.

 

Une autre expérience fructueuse nous a été racontée par Hervé. Dans ces mêmes cultures de framboisiers, certains plants étaient attaqués par des pucerons. Hervé a concocté plusieurs purins avec des feuilles différentes afin d’essayer de voir si par hasard les pucerons allaient partir. C’est dès le lendemain que sur quelques plants où ont été aspergés des purins malodorants qu’une différence est apparue. On voyait des lignes au travers les pucerons le long de la tige où ces derniers avaient disparus, et qu’on pouvait retrouver au pied de la plante. Après observation de nuit, il s’est avéré que la mauvaise odeur attirait des milles-pattes, lesquels montaient en direction des feuilles le long de la tige, et en rencontrant les pucerons (insectes qu’ils ne prédatent pas), ils donnent des coups de forcipules sur tout ce qui bouge sur leur passage. Les pucerons se font embrocher puis tombent au sol. Le mille patte monte jusqu’aux feuilles, puis redescend puisqu’il ne trouve pas à manger, et sur le retour tue à nouveau quelques pucerons. En répétant l’opération plusieurs jours de suite, on peut arriver à réguler la population de ce ravageur dans une serre.

 

  • Facteurs MYC et Endophytes:

Lorsqu’une plante est mycorhizée, on retrouve dans son génome des facteurs de transcriptions appelés MYC. Lorsqu’une plante possède le facteur MYC1, celle-ci peut développer des mycorhizes. On a trouvé à ce jour environ 1 300 facteurs MYC (donc de MYC1 à MYC1300), et chacun apparaît progressivement l’un après l’autre lorsque la relation entre les plantes et les champignons perdure. Le simple fait de pulvériser de l’eau sur les feuilles d’une plante (mimant la pluie), fait activer par la plante les 1 300 facteurs MYC à la fois.

Les endophytes sont des champignons que l’on retrouve à l’intérieur des racines de certaines plantes. Leur fonction commence à être comprise et des hypothèses sont en jeu. Prenons un cas commun tel que le mildiou. Le champignon dans la racine fait mourir les feuilles déjà malades de la plante hôte. Lorsqu’une cellule de plante meurt, sa vacuole contenant tous les déchets de la cellule se brise, et ces déchets entrent en contact avec la paroi pecto-cellulosique, ce qui a pour conséquence de rigidifier cette paroi. Une paroi rigide a une odeur plus sucrée, ce qui attire donc les herbivores, qui après leur digestion vont relâcher leurs déchets de feuille sous forme d’excréments au pied de la plante. C’est à cet endroit que les racines récupèrent ces excréments et les réutilisent pour fabriquer de nouvelles cellules. On peut donc considérer que les insectes ont le même rôle pour les plantes que les reins ont chez les animaux.

 

  • Les plantes lianescentes:

Nous avons vu à l’aide d’un schéma une des fonctions des plantes lianescentes de nos régions, à savoir la vigne et le lierre, dans l’accumulation d’eau au pied des arbres. En effet, leur recouvrement sur un arbre permet de créer une différence de température entre deux milieux, ce qui crée un courant d’air, l’air chaud allant vers l’air froid. Ce courant d’air peut aller jusqu’à 5 km/h lorsqu’il n’y a pas de vent. Lorsque la température de l’air est refroidie, il peut contenir moins d’eau qu’à haute température, ce qui provoque une condensation de l’eau. De ce fait, plus il fait chaud, plus la différence de température entre l’extérieur et l’intérieur du foliage de l’arbre est élevée, de même que la quantité d’eau récupérée. Le schéma suivant résume cet effet:



Les plantes lianescentes montrent d’autres fonctions très importantes au niveau écologique. En effet, d’une part leur feuillage est persistant, c’est à dire qu’il ne tombe pas en hiver. D’autre part, le lierre possède une floraison et fructification pendant l’hiver ce qui offre de quoi manger à de nombreux animaux. De plus, le fonctionnement des plantes persistantes en hiver permet d’entretenir les champignons du sol, et de nourrir le sol pendant la période froide.

 

Quelques chiffres:

  • Les champignons mycorhiziens se développent jusqu’à 2.5x la hauteur d’un arbre. Par exemple, si l’arbre fait 1 mètre de hauteur, il faut en planter tous les 5 mètres pour qu’ils puisse communiquer.
  • En France, un débat actuel concerne la limite légale entre une habitation et la parcelle cultivée utilisant des engrais la plus proche. Cette limite est débattue entre 3 et 10 mètres. Le même débat est posé en Inde, où la limite débattue est entre 700 et 1 400 mètres.
  • Le fonctionnement d’un chloroplaste dégage une chaleur de 15°C.
  • Dans l’élevage des chèvres, le strongle est un ver parasite très commun. Il est recommandé par l’INRA de traiter les animaux lorsque la quantité d’oeufs de strongles par gramme de crottin dépasse les 500. Ils indiquent aussi qu’à partir de 1 000 oeufs par gramme de crottin, l’animal n’a aucune chance de survie. Franz BRECKERFELD, éleveur de chèvres, refuse de traiter ses animaux pour entretenir leur système immunitaire et elles ont aujourd’hui une concentration de 12 000 oeufs de strongles par gramme de crottin et elles se portent pour le mieux.
  • Lorsqu’une plante est malade, elle produit des molécules pour se protéger, mais elle en produit 1 000x plus que ce dont elle a besoin. Elle envoie ces molécules par les racines puis les champignons vers d’autre plantes qui vont donc pouvoir se défendre avant l’arrivée de la maladie sur elles. Cela signifie qu’une plante peut en sauver 1 000 autres. Cela montre aussi qu’il est important de laisser un peu se propager une maladie dans des cultures, pour que l’intégralité des plantes aient de quoi se défendre.

 

Retranscription de l’interview de Hervé COVES

  • Pourquoi certains agriculteurs sont toujours réticents à accueillir la biodiversité sur leur ferme ? 

“On a appris à faire autrement depuis qu’on est tout petits. Déjà à l’école il faut que tu aies les meilleurs résultats, que tu sois le meilleur.. Tu apprends à lutter tout le temps, on passe notre vie à lutter, on n’a pas l’habitude de faire avec. Je pense que ce changement de paradigme est un pas qui est difficile à passer, juste parce qu’on n’a pas l’habitude de faire comme ça.”

 

  • Quel est le meilleur argument pour les faire changer d’avis ?

“De ce que j’ai expérimenté, tant que le cœur n’est pas touché, on ne change pas. Tu peux avoir tous les éléments rationnels que tu veux, mais ça ne suffit pas, parce qu’on a du mal à changer de façon de voir. Et puis le jour où tu vois que ça t’offre une nouvelle perspective, ça te donne envie de le transmettre à tes enfants. Et c’est là que les choses se mettent en place. Et à partir de là on commence à accueillir les oiseaux sur sa ferme, à tolérer qu’à un endroit quelques ronces poussent, mais de là où on est, à commencer de son propre rythme, et d’être en phase avec ce qu’on est au fond du cœur. 

Par exemple, si pour quelqu’un les ronces ne sont pas jolies, il ne faut pas qu’il y ait de ronces, alors il faut voir par quoi les remplacer. Ça peut être de la vigne, des mûres, des framboises. On peut trouver avec toutes les plantes qui existent, une façon qui nous convienne.

Je dis toujours “la vie est belle”, il faut comprendre que “la vie” c’est “avec la vie”, et la beauté c’est ce qui va t’orienter dans ton chemin. Il est crucial que lorsqu’on  fait quelque chose, on ait cette fierté à le montrer.

Mais pour moi, c’est pas important, ni le carbone, ni la vie. Ce qui est important, c’est l’amour. Et si dans notre chemin sur Terre, on grandit en amour, on ne sera pas passé pour rien sur cette planète.

L’enjeu de tout ça, ce que oublient toutes nos coopératives, les organisations agricoles, c’est qu’on n’est pas là pour faire de l’économie, on est là pour apprendre à aimer, pour aimer cette vie. Ce n’est pas dans la lutte que tu aimes. Le vrai enjeu je pense qu’il est là: l’amour. On ne peut pas apprendre à aimer, et on a chacun sa façon d’aimer. Et quand tu tombes amoureux, ça ne te coûte plus. C’est pareil pour l’agriculture, ça ne te coûte plus de passer du temps avec tes vaches, sur ton tracteur. Ça ne te coûte plus parce que ta vie trouve un sens. Et la vie est belle !”